Lenzerheide, sprint féminin (14/02/2025)

Publié le 15 Février 2025 par Laurentdruez

"LENZERHEIDE (SUI) – Il neige, il neige, il neige partout. Il neige des flocons mais surtout de l’or et des larmes. Il n’y a plus que ça qui tombe du ciel. Le bonheur s’épaissit, l’émotion affleure et la Roland Arena de Lenzerheide est devenue une immense patinoire où glissent les sentiments de chacun. « C’est Justine. » Ils n’ont que cette expression-là à la bouche, entre eux, devant les micros, au téléphone. « C’est Justine » est un refrain qui glisse sur les circuits du monde du biathlon depuis tant d’années. Il ne veut rien dire. Et il dit tout. Qui elle est, ce qu’elle était, ce qu’elle n’arrive pas à être. Tout ça. « C’est Justine », qui se relève de tout, qui surgit lorsqu’elle a pris l’ombre et les moments de doute. La tête de Justine Braisaz- Bouchet serait un formidable objet d’études, et tout le monde s’y perd depuis des années. Même elle. Lorsqu’une Française gagne, le bonheur de ceux qui passent à côté s’entend. Lorsque Braisaz-Bouchet gagne, il se vit."

Je me suis encore permis d'emprunter les mots de Thomas Perotto pour illustrer notre journée. Ils décrivent bien la météo, mais aussi quand il dit que le bonheur de Braisaz ne s'entend pas, il se vit, et bien nous l'avons vécu.

En arrivant sur le site, grâce aux fameux bus jaunes de la Poste, nous avons croisé les athlètes se rendant sur l'aire de départ. Pas de selfie, l'avant-course demande concentration. Mais nous étions à côté d'amies de Jeanne Richard venues lui faire une surprise. Jeanne Richard que j'avais croisée au Club France des JO cet été, et qui me disait qu'elle n'imaginait pas se qualifier pour ces championnats du monde, tant le niveau français était dense. Un époustouflant début de saison et une place de 4ème mondiale plus tard, la voici sélectionnée ! Ses copines avait aussi anticipé cette sélection. Ce fut très émouvant de voir sa surprise quand elle les a vues. En espérant que cette émotion ne soit pas responsable de sa contre performance 2 heures plus tard. C'était l'occasion aussi de voir que les 2 représentantes britanniques sont apparemment du même club que les copines et sont venues discuter aussi, dans un français parfait, ... car certainement plus françaises que britanniques.

Pour cette épreuve, nous avions choisi des places en tribunes. La tribune D, pour être plus précis, qui a le mérite d'être la moins chère, parce qu'elle est loin du pas de tir n°1. Mais elle a aussi le mérite d'être sur les coulisses: dernier échauffement d'avant course, aire d'arrivée, zone mixte des médias, etc... de quoi vivre tous les à-côtés, les joies, les déceptions, les émotions, la concentration, l'épuisement, le stress...

La neige est tombée pendant toute la course, avec du vent et un froid intense, aux alentours de -6°, mais encore bien plus bas en ressenti.

Nous étions à côté de finlandais, ravis de la médaille de bronze de Minkkinen.

Et que d'émotions quand Braisaz a franchi la ligne, même si avec Titia nous étions alors en hypothermie sévère ! Dans le secteur où les biathlètes se changent, retrouvent leurs coachs, posent leurs skis, etc... Lou Jeanmonnot, très déçue par sa 6ème place, tente de faire bonne figure, Justine Braisaz, elle, n'en finit plus de faire des accolades aux coachs, mais quand elle aperçoit son mari et son enfant ses yeux s'illuminent encore plus et elle fonce les retrouver, cernée d'une horde de caméras et photographes, dont moi, quelques mètres au dessus. L'intimité attendra...

Au moment des podiums, nous retrouvons un peu de sensibilité dans les doigts pour applaudir et chantons tous les 2 la Marseillaise à pleins poumons, cernés de scandinaves qui nous félicitent encore. Merci, on a tout donné. 2 jours de compétition, 2 marseillaises, que demander de plus...

En partant, nous avons pu croiser encore quelques biathlètes, dont Lou Jeanmonnot et la championne du monde Justine Braisaz. On a pu rediscuter un peu avec les reporters de La chaîne L'Equipe, Tangi Kerhoas et Marie Dorin, avant de vite retrouver la chaleur d'un bus, puis de l'appartement.

Que d'émotions !